lundi 28 janvier 2013

Des mimosas en janvier

Chère I.

Lettre 8



«Une arlésienne (personnage invisible ou personnage fantôme) est un type de personnage de fiction qui est décrit ou mentionné, mais qui n'apparaît pas en chair et en os. Ce terme est issu de la nouvelle d'Alphonse Daudet  L'Arlésienne, ou plus précisément de la pièce de théâtre homonyme qui en fut tirée.
N.T. dans l'ouvrage Dictionnaire Des Personnages Du Cinéma « Seront désignés sous ce nom les personnages décisifs d'une intrigue qui, pour une raison ou une autre, n'apparaissent pas à l'écran ». Si cette notion existe également dans les autres langues, elle porte évidemment un autre nom, sans rapport avec Arles ou Daudet»

Wikipédia 2013




Les  voisins du haut sont les D.   Ce sont de très snob et riches british à la retraite.  Leur chien quant à lui s'appelle Samy et est un King-Charles, la race des chiens du prince Charles.  Mme L., la femme de maison de Paul, est une extrêmiste de gauche tendance post-communiste.  Elle n'aime pas trop François Hollande.  Elle dira qu'il est trop mou-centre-pas-assez-social-entre-les-deux.
La politique, c'est compliqué , mais plus encore pour Mme L. qui ressemble à s'y méprendre à la Mme Ginoux au café de la Gare Arles de Paul Gaugin, 1888, l'ami de l'autre qui s'est coupé l'oreille mais s'est loupé les carotides.
Pour une femme paraît-il.



Mme L. s'occupe également de la maison de Mme et Monsieur D.  Elle laisse sans doute traîner quelques poisons lents pour ses patrons aristos, éparpillés entre le thé vert made in Harrods de Madame, le whisky du soir de Monsieur ou dans l'écuelle vert pomme du clébard. 

Les D. partant un week-end sur Paris, Mme L.  garde le chien.  Paul pour une raison qu'il ignore a fini, chien en laisse, par promener Samy Dog de supérettes en boulangeries en marchés de fleurs en mimosas de janvier.
Ce chien,  en grand habitué du Grillon, Le Café sur le Mirabeau où les D. vont prendre l'apéro avec lui tous les soirs à 18:30m, ne peut passer devant sans s'arrêter, buté, ne plus bouger, faire le mort.  Toutes tactiques griffes dehors seront alors utilisées.


Paul n'a eu guère le choix d'y prendre le rosé en terrasse de soleil avec son fantasme de reconquérir Helena vers les 13 heures, avant le déjeuner.


Samy est horriblement plus sage, plus aimant, plus affectueux que le chien de Paul, laissé chez A-A pendant quelques mois.  Paul n'y comprend rien.  À son chien il a tout donné.  Le meilleur de sa patience, de sa sollicitude, de son entêtement, de sa présence.  À son chien, Paul s'est donné tout entier.  Authentique. Parce que pour lui, il avait l'âme à la tendresse. Ce tendre tendre doux que provoquent automatiquement les petits yeux malicieux de son chien.

Paul parti traîner son spleen en goguette à Arles un monotone dimanche de janvier, sous le ciel un peu trop grisonnant et froid d'une Provence pas toujours au top, s'est retrouvé devant tous les commerces fermés, l' âme esseulée et vraiment en peine.  De Van Gogh alors il partagera quelque chose.


Des tons de gris encore à voir,
Quelques gloussements de pigeons à entendre,
Des relents d'urine de chiens à sentir,
Du marbre froid sous les fesses à toucher,
Des frites trop grasses à goûter

Et, tout à coup, l'ÉBLOUISSEMENT des Arlésiennes!

-LES ARLÉSIENNES-

En voir une en coin, toute seule, venant de nulle part,


Entendre les cloches sonnées à tout rompre et sentir le vent tourner pour toucher au bonheur de goûter les Arlésiennes,









Comme Paul aurait aimé partager le bonheur des Arlésiennes avec Helena qui doit être enlacée dans les bras de G. très exactement au moment où il est devant ce spectacle.   Comme Paul aurait aimé devant cette belle femme élégante et fière, qui a inspiré les délires coutures de Christian Lacroix, les opéras de Bizet, les cartes de Léo Lelée, cette Belle Arlésienne aux pieds nus, embrasser Helena et lui dire à l'oreille qu'elle est la plus belle des belles Arlésiennes qui habitent son coeur à toujours à jamais à plus faim à plus soif....

Comment peux-t-on avoir vécu 20 ans avec une femme et qu'elle devienne,

-pffffffffffffffff-

en un seul coup, en une seule minute, en une seule saison,
un fantôme?

Un personnage qui n'apparaît plus ni en chair ni en os?

Paul se retourne vers Samy.  Il est sage comme une image.  Il ne jappe pas.  Il ne tire pas sur sa laisse.  Il ne court pas après tous les chiens de la rue.  Il n'est pas son chien abandonné qui ne l'aime pas.  Il est l'autre.  En mieux.  En plus fin.

Mais on dit souvent qu'il ne faut pas faire de comparaison.

Alors Paul n'en fera pas...



La Cigale




ps: Est-ce que tu as vu toutes les cigales au plafond du Grillon, intérieur jour?

pps: Est-e que tu as vu combien l'Arlésienne en coin ressemble à La Cigale?







2 commentaires:

  1. Quand nous sommes allés dans le sud de la FRance, Vincent, 12 ans et moi, nous habitions un petit studio que j'avais loué au Paradou. Notre première visite fut à Fontvieille, le «pays» d'Alphonse Daudet et de son moulin.
    J'étais tellement excitée de voir ces lieux moi qui avait tant aimé Les Lettres...
    Mais Fontvieille est une petite commune plutôt tristounette.
    Première leçon de voyage.

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    1. Alors Paul n'ira pas flâner à Fontvieille mais il fera lire les lettres de mon moulin à son dégénéré de fils Paul :)

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